Les MàNAA découvrent Nippon 2011 de Frédérick Carnet...




 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Atelier d'écriture à la petite Galerie. Les étudiants choisissent une des photographies de Frédérick Carnet et composent un texte en suivant l'une des trois consignes suivantes : écrire à la 2e personne du singulier ; insérer plusieurs fois ces mots de l'artiste "à contre-sens du flot" ; ouvrir ou clore son texte par ces autres mots de l'artiste "J'aimerais mourir sans colère".






J’aimerais mourir sans colère.
Et m’éteindre sans passion
Etreint par un ravissement tiède.
J’aimerais mourir avec éclat.
Et comme le dernier rappel d’un comédien
Bruyamment, achever mon existence.
Eclater dans cette dernière danse
Où l’on ne meurt ni froid, ni vieux, ni maladif
Où l’on y meurt fier.
Comme le dernier consentement que l’on fait au monde
Celui, impossible, de continuer sans nous.
Un saisissement froid
J’aimerais taire ce cri qui me tue
Mais tout écho sonne comme un refus.
La farce d’un enfant résigné
Vaincu, prétend que c’était son idée.
Il s’en va, et moi
J’aurais préféré mourir sans colère.
Clément Bascou


 








 

À toi qui flottes sur l’eau, emporté par le courant. Autrefois tout, maintenant tu n’es rien. L’eau seule reste maîtresse de tes mouvements. Porte, fenêtre, façade, toiture… Plus personne ne sait d’où tu viens et personne ne veut savoir où tu vas. Le temps s’est arrêté, tout est gris… immobile. Jamais plus tu n’entendras les cris des femmes les jours de marché, les rires des écoliers, les soupirs du vieil homme fatigué…
Toi, simple morceau de bois, tu es désormais destiné à naviguer sur ces eaux mortelles pour l’éternité.
Alexia Limoges

 

Cette dune,
Regarde ces dunes
Observe leur pureté au beau matin
Elles qui vivent si bien sans ce soucier du lendemain.
J'aimerais être comme elles.
Si propres Si saines
Si parfaites,
on pourrait même croire que rien ne peut les atteindre que rien ne pourra les détruire. J'aimerais être comme elles.
Elles grandissent un peu chaque jour mais savent naïvement qu'elles seront là pour toujours. J'aimerais être comme elles.
Elles ne doivent rien à personne,
Seul le vent guide leur humeur et surélève leur bonheur.
J'aimerais être comme elles :
J'aimerais mourir sans colère.
Pauline Dumont


Tu me regardes de haut, moi qui est déjà plus bas que terre ?? ... S'il te plait arrête .. 
Tes yeux, ton regard me transpercent tels une arme s'enfonçant tout doucement dans ma poitrine ..
Ta grandeur, ta splendeur .. ton calme, ton innocence .. ta naïveté, ton imprudence.. ma jalousie m'écrase peu à peu ..
N'ai-je pas le droit de rêver ? N'ai-je pas le droit de sourire ? N'ai-je pas le droit de respirer .. 
Mon esprit te transforme, tu deviens vicieuse et égoïste.
Après tout, il n'y a pas assez de bonheur pour tous. 
Melissa Rioul



Lorsque tu es revenu du japon, tu m'as dit que tu aimerais mourir sans colère. Le Japon et son peuple t'ont tant serré le cœur que tu es allé jusqu'au point de te mettre à leur place, comme si tu avais toujours grandi là-bas. Après le tsunami de Fukushima, les hommes ont dû accepter que la Nature, l'Océan, les éléments… se soient déchaînés sous leurs yeux. Quand tu es revenu du Japon, tu as insisté sur le fait que les Japonais sont des gens très proches de la Nature et que leur spiritualité est ancrée dans toutes les choses naturelles qui les entourent. Et tu m'as dit que tel un Japonais, tu as ressenti toute la tristesse ainsi que la splendeur de ce drame naturel. Mais tu sais mieux que moi que l'homme doit accepter ce que la nature lui offre, aussi bien que ce que la nature lui retire.
Antoine Bertholom



Marcher, marcher, marcher. Sur cette route, à contre-sens du flot, les voitures roulent. Elles quittent la ville. Plus d’espoir plus de vie. Je reste, à contre-sens du flot. Pour l’espoir pour la vie. Continuer de marcher comme d’habitude. Pourquoi changer ? Pourquoi partir ? Mais c’est plus dur que d’habitude, il faut marcher à contre-sens du flot. Il faut être fort, comme la carpe Koï, qui dans la légende remonte le torrent et devient dragon. Je suis une carpe qui remonte à contre-sens du flot. Rien d’autre n’a d’importance, plus de douleur ni de colère, seulement l’air dans mes poumons. Belle et dangereuse. Je vais marcher un peu, à contre-sens du flot.
Enora Gourlaouen


"Regarde
Comme la taule et le fracas s'harmonisent
Tandis que la calme colline s'amenuise
Lourdement, ces mécaniques abandonnées
Masquent la véritable beauté.
Au loin tu peux la deviner
Elle est là, étouffée, noyée
Par un flot inerte et silencieux.
Ressent le paradoxe tumultueux
Machine. Mort.
Le Chaos.
Paisible. Doux.
Le Beau Regarde"
Alissandre Alazard
 




 
 
Cette photo m'inspire plénitude et tranquillité. Désertique et mystérieuse, elle cache pourtant bien son jeu. Ces arbres semblent s'envoler vers les cieux comme si ils souhaitaient s'échapper de ces lieux. Ils s'en doutent, ce calme n'est pas rassurant. Sans bouger cette nature sera destinée à périr. L'auteur exprime sa volonté de garder ces lieux intact, d'immortaliser ce moment. Oh, nature vulnérable, je comprends maintenant que ce paisible moment cessera lorsque Frederick Carnet chuchota " J'aimerais mourir sans colère"
Charleyne Stern
 
Voyager, observer, ressentir, s'émerveiller devraient être les mots clefs. Pourtant, ici, rien ne fait dire qu'il faut s'époustoufler. Tragique, dramatique, là où un jeu d'ombre et de lumière vient dominer le parc,... le vide. Rien, inerte, les jeux d'enfants restent statiques. Foudroyé par une catastrophe plus rien ne l'anime. Là où il devrait pourtant y avoir de la joie et des rires, c'est un calme pesant, envahissant qui provoque en moi un violent emportement. Puis j'ai cette phrase qui revient sans cesse dans ma tête : j'aimerais mourir sans colère.
Célia Donna
 
 
Il faisait calme dans mon cœur, dans mon âme.
Je n'avais plus peur
Je n'avais pas baissé les bras, abandonné
Laisse passer la douleur, qu'elle s'en aille, qu'elle s'en aille.
Il faisait juste calme dans mon cœur.
Un pâle soleil caressait la froide colère qui montait et se répandait en moi
La réchauffait, l'enserrait, l'embrassait, calmant l'envie, le déchaînement, la violence
Pourquoi?
Inspire. Respire. Inspire. Respire.
Tempère-la. Recommence.
N'aie pas peur, là, ils ne te feront plus de mal.
Quand tu tapes, t'acharnes et perds le sens des choses
Quand tout brûle au fond de toi et que tu imploses
Stop. Chut... Calme ton cœur, ton âme
Arrête ce futile combat contre l'invisible
Des forces vides de sens contre lesquelles tu viens t'écraser
J'ai fait le calme dans mon cœur
Laisser le soleil disperser la tempête et la haine
puis-je maintenant?
J'aimerais mourir sans colère.
Lucigaël Vaiti
 
 
 
Stop ! Arrête-toi … Mais que fais-tu ? Tu t’agites dans tous les sens… Tu accélères, tu désespères… Tu pars, tu cours… Mais vers où ? Tu suis la foule, voilà la triste vérité. C’est tout ce que tu sais faire ! Suivre, ne pas se poser de questions, avancer pour mieux se fondre dans la masse. Alors pour une fois, arrête-toi. Lève les yeux vers le ciel. Prend le temps d’observer. Observer chaque détail. Les arbres sans feuilles, les nuages poudreux… Et cet immeuble qui s’élève vers le ciel. Cet immeuble qui semble ne jamais s’arrêter. Il monte, monte, monte… Sans limites, sans but…
Gaëlle Blanchard


Peu importe la façon
Peu importe les raisons
Que la terre entière
Me laisse un goût amère
Je m'élèverai de tout mon tronc
Clamant un triomphe sans nom
Et ce, peu importe les misères,
Car j'aimerais mourir sans colère.
Camille Emmanuelle
 
Colère. Dans mes grands espaces boisés, les oiseaux ne chantent plus. Et sur mes hautes montagnes enneigées, la neige a fondu. Partout où l'Homme est passé, une partie de moi s'est dégradée. A couper, brûler, fabriquer, consommer, jeter ... Polluer. Alors j'ai craqué. D'une vague son royaume j'ai envahi. Mais finalement, c'est moi que j'ai affaiblie. Car l'Homme, dans sa bêtise, m'a réservé une nouvelle surprise. Radioactivité, c'est le nouveau nom, De ce sport maintenant de renom, Où on modifie la nature pour être plus puissant, Et le pire, c'est qu'on se croit intéressant. Si je devais mourir, j'aimerais mourir sans colère. Mais moi, Nature, ne verrai jamais s'éteindre la lumière. Marine Bourdon

LOGORALLYE ! Les MàNAA empruntent dix mots à l'inventaire des genres de Roland Barthes


"Il était une fois... une jeune dame gardée sous le MANTEAU de ses plus proches parents. Agacée de constamment devoir se serrer la CEINTURE et de se faire remonter les BRETELLES, celle-ci décide de rendre son TABLIER et de retourner sa VESTE. C'est alors qu'elle fuit loin de la maison et se réfugie dans les bois, endroit qu'elle croit connaître comme sa POCHE. Or elle finit toujours par se perdre, mais ça, c'est une autre paire de MANCHE. Une fois sortie de sa détresse, elle déniche miraculeusement une robe qui lui va comme un GANT. Là, elle ne tarde pas à trouver CHAUSSURE à son pied. C'est la rencontre avec un mystérieux inconnu, un coureur de JUPON peu habitué à se prendre des VESTES. On dit qu'ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants, mais nulle ne sait si Princesse n'en est pas venue à s'en jeter un derrière la CRAVATE."
Laura Fekih



 *

        Un jour j'enfilerai ma CAPE, et le monde suivra cette LIGNE, Il adoptera un nouveau STYLE, de vie. Car malgré que je sois CÔTÉ, pour l'instant je suis au BORD de la société. Je vous dis cela parce que ce soir, j'ai la BLOUSE ; la blouse à en écouter le musique puisque je ne suis pas sûr d'avoir la TAILLE pour joindre mon monde, au monde. Oui car ce monde je m'en ECHARPE ! Pour tenir le cou … Alors à défaut de prendre un COL, je sers de poids sur les épaules du monde … Je me sens CHÂLE.
Loïck Batardot
*
Ce matin au réveil, rien de nouveau. 5 h 00 du matin pas d'inquiétude, je suis à l'heure. Le temps de cligner des yeux et il est déjà 7 h 42, là je suis en retard. Pas le temps de manger, je dois privilégier l'habillage. Je pose à peine un pied à terre que je tombe dans un capharnaüm digne d'une description des enfers. Je devine que je piétine mes vêtements. Cette soudaine violence ne leur plaît pas et ils choisissent de riposter.
Mes deux bracelets se jettent à mon poignet gauche et m'immobilisent sur le sol. Leur morsure est si puissante que j'arrive à peine à soulever mon corps du plancher. A la merci de mes habits, je ne peux qu'espérer que mes vêtements ne soient pas dépareillés. Du coin de l'œil, j'aperçois ma marinière qui glisse sur le sol. Arrivée à mon niveau, elle m'engloutit jusqu'au ventre. Sur mon fauteuil, mon châle vert prend son envol pour atterrir sur mes épaules. De loin, j'observe ma jupe jaune et mon jupon qui se lancent dans un combat que je décris comme sanglant. D'un bond, la jupe s'élance vers moi et aspire mes jambes. Pour se venger, le jupon la recouvre entièrement, la faisant disparaître. A côté de mon armoire, mes babouches prennent leur élan pour courir jusqu'à mes pieds et les mordre au dessous des chevilles. Mes bracelets me forcent à me mettre debout. Ma toque en fausse fourrure se pose avec violence sur mon crâne décoiffé. Sur mon bureau, mon écharpe se prépare à une attaque. Brusquement, elle m'entoure le cou en m'étranglant. Derrière moi, j'entends mes moufles s'agiter. Elles bondissent et me croquent les mains.
Le calme s'installe. La tempête arrive. Le kimono que j'ai ramené du Japon s'élève en l'air et me serre avec violence, me propulsant hors de ma chambre.   
Gwendoline Jésus
 *
 
     La basque
     La basque, tout comme un bas en bas du canezou, accroché par la chaîne, délaissée abandonnée entre babouche et martingale. Triste et seule face à la manche, crie au secours !
     Rien, pas un pli. Peut-être au loin à l'horizon une barboteuse mais rien, pas un bruit.
     Seul l'ensemble est capable d'associer le devant du dos, le haut du bas. 
Rémy Lenoir
    Fleur court.
     L'humidité a plaqué ses cheveux blonds sur son visage angélique, à présent déformé par un rictus de panique.
     Tandis que ses poumons en feu lui réclament désespérément de l'air, elle tente un regard rapide derrière. Grossière erreur.  La voilà qui s'affale de tout son long dans la boue, salissant son beau manteau blanc et déchirant son pantalon en velours côtelé. Mais, après tout, son style vestimentaire n'a plus aucune importance. En totale désynchronisation, ses mains agrippent les feuilles mortes humides dans un mouvement frénétique, tandis que ses genoux pataugent dans un sol détrempé. La voilà enfin debout …Mais la voix résonne dans la forêt : "Mon petit ? Viens par ici, ta Mère-Grand a un joli habit juste pour toi !" L'image de l'ensemble rouge, trônant dans la vitrine du salon, de ces gants brodés, cette écharpe tissée … et ce chaperon … Fleur aurait dû se méfier de la petite mamie en tablier blanc dans sa camionnette bordeaux . Et surtout lorsque, portant le nom d'une enseigne de la région, celle-ci ne connaît pas le chemin et demande de l'escorter … Pour finir par l'emmener dans une maison aux murs délavés, à la toiture entravée et où, à l'intérieur, tout est carrelé de blanc. Seule cette vitrine glauque, gardant l'ensemble vermeil, tranche avec le reste du décor.
     Son sang se glaça lorsqu'elle reconnut au loin le bruit d'une ceinture que l'on claque au sol.
"Allez, ma fille, ne faits donc pas l'enfant, viens donc essayer ton ensemble, qu'on puisse s'amuser toi et moi …" 
    Fleur ne sait pas ce qui l'attend quand Mère Grand l'attrapera. Parce que Mère Grand attrape toujours ses proies. Elles ont toutes essayé, refusé de porter le capuchon, de fuir par la forêt, de s'enfoncer de puis en plus dans ses profondeurs… Sans savoir qu'au bout, tout le parc est ceinturé d'un mur de fer, infranchissable. Son terrain de jeu. Un sourire s'esquissa sur ses lèvres maigres. Elle essuya ses mains sur son jupon, et son rire glauque transperça la nuit. Que la chasse commence.
Marine Bourdon
*
 
 
La tenue
Lorsque l’azur se lève, il est temps de se décider sur la tenue que l’on souhaite adopter jusqu’au soir. Va-t-il falloir se faire remarquer ou alors, être capable de se camoufler, de se faire disparaître dans une masse d’individus. Chaque détail a son importance. C’est pourquoi l’ourlet d’une chemise ou d’un pantalon. L’écharpe ou la cape d’une tenue, doivent être choisis avec la plus grande prudence. Chaque espèce d’accessoire doit trouver son sens et sa place dans notre journée. Si nous nous élançons dans une journée studieuse, alors on optera volontiers pour des motifs géométriques, aux formes triangulaires ou cubiques. Cela nous donnera de l’assurance et du courage. Mais si l’on souhaite se camoufler, mieux vaut éviter les écharpes à pois ou les gilets rayés trop colorés. Alors, mesdames et messieurs, nouez cette cravate en nid d’abeille à votre cou, et allez-vous en travailler !
Antoine Bertholom
 
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Les bigoudènes
Le jour de leurs noces, les Bigoudènes se parent de gilets aux couleurs vives, de broderie d’or et de perles. Leurs talons claquent quand elles dansent et leurs jupons volent.
Mais leur gloire, c’est leur coiffe de dentelle fine aux motifs de fleur, qui s’élance vers le ciel, au mépris des coups de vents et averses qui balaient souvent la contrée. Toujours plus haut ! C’est un défi qui oblige les femmes à un port de tête d’une incontestable noblesse.
Dans ce pays à la fin des terres, la coiffe commande le chapeau, ce sont les femmes qui méritent de commander à force de sacrifice, d’abnégation et d’orgueil indomptable. Il est impossible sans elles d’expliquer un quart de ce que nous sommes, car si les coiffes s’évanouissent année après année, l’héritage des Bigoudènes est plus que jamais vivant.
Enora Gourlaouen

 
 
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Devine qui vient me voir la semaine dernière, ma Claudine ! la pauvre ! J’vois bien qu’il y a quelque chose qui cloche, c’est pas son style de se mettre dans tous ses états, de se prendre le chou, mais j’ai senti que c’était à cause de cet homme auquel elle s’attache, se rattache, se raccroche, se rattrape…
     Elle voulait pas m’le dire, prend des pinces, fait le pourtour de la chose, me cache – à moi ! ce qui se passe, elle est de mauvais poil aujourd’hui, c’est tout ce qu’elle me dit…
     Et moi de lui répondre, « my baby-doll, tu caches tout, cache-poussière et par-dessus tout, à moi tu n’oses pas avouer les fautes de ton prince, de grâce, de Galles ! Plaque-le ! Que veux-tu que j’te dise d’autre, il est collant, collé à tes basques, toujours sur tes talons tout le temps, mais suffit que tu tournes le dos, voilà qu’il te fait des infidélités ! Il est complètement toqué, ce coureur de jupons, renvoie-le dans ceux de sa mère Berthe ! »
    Je lui ai dit « Chanel, ma belle, tu ne trouveras un autre ! Tu verras, tu verras, dès ce soir, je t’emmène, dans de riches lieux, briser les chaînes de ton nouveau célibat ! » Et là elle me répond : « Je suis imperméable à toutes tes critiques. » Han ! des critiques ! Que veux-tu, ma Claudine, elle l’a dans la peau son italien, d’une flèche au cœur, il l’a eue la Chanel, oh là là, elle s’en rendra bien compte un jour, mais trop tard…
Lucigaël Vaiti
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    En ce moment, l’hiver est rude. L’utilisation d’une chaufferette de poche est devenue indispensable ! Plus qu’un outil, la chaufferette est devenue l’article de mode pour être swag… Il existe plusieurs types de chaufferettes, la chaufferette-bonnet, bandeau, cravate, plastron et j’en passe ! La chaufferette a été créée par l’armée qui l’utilisait dans leur combinaison de sport pour faire maigrir rapidement après les grandes fêtes telles que Noël. Mais un jour, un soldat effrayé à l’idée d’aller en mission au Pôle Nord, eut l’idée de les intégrer à ses vêtements. Tout y passe : chemises, tabliers, blousons, maillots… À son arrivée sur place il eut aussi chaud qu’une belle journée ensoleillée d’été, sauf qu’il n’y avait pas de soleil ! Dès son retour de mission, il commercialisa son idée, qui eut un succès fou, même en Afrique…
Olson Classonel
*
     
 Être femme et non féminine
      Certains diront qu’elle était belle mais elle l’est toujours. Ni robe, ni talons, ni style et des cheveux courts. Elle cache progressivement sa féminité derrière son manteau. Un manteau pratique, sans esthétique, sans superflu. Une taille dissimulée à cause de tant de mots jetés, avalés et emprisonnés.
     Pas une larme n’a coulé sur sa joue, trop de fierté pour admettre qu’elle reçoit des sacs de coups.
     Une inspiration, elle remonte ses manches et se donne pour nous.
     Pas de reconnaissance mais elle continue, en gardant ses colliers, bracelets seuls souvenirs d’un amour effleuré. Je te dois toute mon armure et jamais je n’espère déposer de fleur sur ton lit car la vie est faite pour des personnes comme toi maman…

Mélissa Rioul
*
 
  C’est le grand moment. Elle m’attend, depuis un moment déjà, allongée sur le lit. Resplendissante. J’ai pris tout mon temps jusqu’ici, de peur de la brusquer. Ou plutôt parce qu’elle m’intimidait dans sa grâce silencieuse. Je dois pourtant me lancer. Je le sais bien. D’ailleurs, c’est pour cela que je m’approche d’elle. Et quel spectacle ! Tout en m’avançant, ce sont de nouvelles parcelles de son être que je découvre, à nouveau, et qui m’émerveillent. Peut-être que poser mon regard sur sa taille me rassure… Ses hanches harmonieuses et sa poitrine rebondie, tout en elle m’attire et me conforte dans l’idée que je me fais d’elle. Serait-ce cette perfection qui m’étouffe tant ? Cette perfection qui me rappelle ce que je m’apprête à réaliser, qui me confronte à la réalité de l’instant… Non il ne faut plus réfléchir. Juste se contenter d’agir, fermement, délicatement tout de même, mais sans pression.
    
     Ça y est, me voilà face à elle. Toute de soie vêtue, au vêtement brodé de motifs floraux et aux bijoux éclatants, même sa tenue aux couleurs chaleureuses me passionne. Je pourrais rester des heures à analyser chaque détail… Je me surprends alors à déboutonner son col, déchirer le vêtement, puis sa doublure, puis à détacher chacun de ses accessoires. Quelle étrange sensation. Elle ne réagit même pas. Je n’ai donc pas à avoir honte de moi. Tout se déroule bien. Quel soulagement. Je peux continuer, tout de même, à l’admirer un peu ? Je n’y vois pas de mal… « Tu es si belle… »
     « Quoi, t’as parlé ? » Une voix rauque surgit tout à coup de nulle part. La voilà qui reprend : « J’t’ai pas écouté, désolé. Tu disais ? Eh mais… T’as toujours pas commencé ? » Ah, c’est lui. Sacré Franck, il n’y comprend décidément rien.
     « Tu sais bien que c’est ma première fois…
     -  Rien à faire, c’est pas une raison pour fainéanter. Allez, finis-en vite, je te regarde. Comme ça, je te dirai si tu t’y prends bien. »
     Il n’a pas tort. Je suis complètement perdu dans mes pensées en oubliant tout ce que j’avais appris jusqu’ici. Plus question de reculer.
     « Donc je commence par la vider, et après je pourrai l’embaumer, c’est bien ça ?
     -  T’as tout compris ! Lance-toi à présent. »
     Génial. Dépecer un si joli corps me pince un peu le cœur, mais je peux enfin faire mes preuves à mon futur patron. Alors voilà. C’est ainsi que tout prend fin. Adieu gente demoiselle, je vais me surpasser pour que ta famille admire ton si joli visage une dernière fois. On se revoit à ton enterrement.
Camille Chautru
 




Les MàNAA spectateurs des Amours Vulnérables de Desdémone et Othello aux Amandiers

"Plus la pièce progressait, plus les spots étaient bas et allongeaient les ombres, tout en assombrissant la scène, accompagnant la montée dramatique de la pièce" Mélanie Loren de Moura

 
 


"La pièce s'ouvre sur une architecture de bois nue. Les quelques éléments qui composent le décor se résument à des bidons vides et des cagettes en plastiques. C'est à se demander si ces objets n'auraient pas été laissés là par hasard sans l'intervention du scénographe, Laurent P. Berger. Ce décor aux allures épurées évoque la ville, celle de Venise, là ou le drame prend place. C'est un décor mouvant, il se monte et se démonte au rythme d'une danse : les acteurs eux-mêmes, devant les yeux des spectateurs, mettent en forme le décor au travers d'une chorégraphie. Sur la scène, danseurs, musiciens et comédiens se rencontrent pour offrir plus qu'une simple histoire.

Les comédiens jouent d'une façon très déclamée, une véritable "adresse" au public voulue dans la mise en scène de Razerka Ben Sadia-Lavant. Cette frontalité face au public gâche un peu l'effet de vraisemblance, lequel est habituellement créé par la notion de ''quatrième mur'' au théâtre.

Dans le choix des accessoires et des costumes, on retrouve cet aspect minimaliste, puisque les comédiens portent des habits contemporains assez simples. Quelques accessoires, mais très peu, par exemple la canne-siège assise de Iago ou le mouchoir d'Othello. Les objets sont aussi porteurs de sens : une table en bois pour signifier un espace de fête, un tapis pour un lit.

La lumière, élément important de la scénographie, éclaire l'espace scénique en douche tout au long de la pièce. Cet éclairage vient frapper l'architecture de bois et créer des ombres portées au sol, lesquelles semblent détourer les murs invisibles de chaque pièce. Il arrive parfois que d'autres projecteurs s'allument et apportent un rythme plus soutenu, notamment lors de passages chorégraphiques pour jouer avec les ombres du corps." Laura Fekih


"Un pied dans le passé, un pied dans le présent et on recommence !" Maëlle Lemaire
 

 

 

 
"La scène finale illustre et résume bien ce souffle de modernité et de dynamisme. Lorsqu'Othello va tuer Desdémone, les jeux de lumière et de musiques permettent de bien visualiser les tiraillements du Maure. Les danseurs s'agitent autour de lui, comme des démons, et Desdémone se secoue comme si elle était désespérée et prise de folie." Léa Moureau

 


 
 

"La chanteuse, Sapho, venait parfois chanter et semblait jouer le rôle d'un chœur antique comme dans les tragédies. Elle semblait arrêter le temps." Claire Delville


 

 

 

 

Maubuisson mix

 
Maudits
Mots dits
sur Maubuisson
Source de mes maux buissons
tel un fouillis naturel en opposition
A Maubuisson
Et ses faux buissons
Qui prennent position
Dans ce texte sorte de mémo Maubuisson
Mes maux-buisson, Loïck Batardot

 

"PROFS. - Voilà le programme de la journée, on vous laisse faire connaissance avec vos groupes, puis on va se séparer pour poursuivre la visite. (Le groupe commence à se disperser.)
CAMILLE. - Marine ! Tu es dans quelle partie de visite ?
MARINE. - B, et toi ?
CAMILLE. - A, je crois qu'on est maudites..."
Surprise à Maubuisson, Marine Bourdon



 


"Ici les messes se faisaient basse pour ne pas troubler la quiétude du sous-bois"
Maubuisson, un vent bruissant, Lucigaël Vaiti



 
 



Terre sauvage, inhospitalière dira-on, à qui d'un œil cherche en vain l'ordre, pris d’une soif de désir régulier.
Et l'œil amusé, aguerri, de l'artiste, prend ici part au spectacle du promeneur vain. Du passant, supposé reposé qui n'est plus.
Seul méritant du repos désiré, celui qui auparavant finit par exploiter sa curiosité et sa soif de savoir. Il sait ; l'univers l'accueille en son sein ; il naît. Esprit neuf, désorienté dans un monde qu'il ne s'explique pas.

Une naissance, car tout ce qui a été appris se doit d'être revu, à nouveau questionné. Tout entier, le parc redevient votre lieu d'existence, dans lequel il vous faut vous placer, de biais, pour à nouveau le comprendre. Pouvoir s'apprivoiser aux choses, en saisir l'essence, le sens qui  alors semble s'être dérobé.

Ni vous ni le monde n’avez pourtant changé.

L’abbaye toute entière répond à cette contradiction, la plaisanterie d’un projet moderne qui, par torsion de l’esprit, décide de faire d’un lieu autrefois le plus clos possible, un espace ouvert. Une farce, une raillerie.

C’est lorsque l’on cherche repos, que presque par inadvertance, nous croisons la route, comme par accident, d’une forme étrangère, superposition de formes rougeâtres ; dans quel but? A quoi bon?

Mais trop court instant de réappropriation de son cerveau. Le promeneur régulier, connaisseur, blasé, oublie même l’objet. Automatique mécanique humaine, il s’assoie sans plus réfléchir sur une sculpture maintenant reconnue, encore difficile à nommer, mais définie: "cela" est fait pour s’asseoir.

Un mépris légitime de la réflexion me dira-on: avons-nous jamais fait un parc pour y réfléchir?

En terme de réflexion, reste le plan explicatif du parc de Maubuisson, utile comme un guide de construction d’un meuble : vide de sens ; laissant l’homme perplexe face à un inconnu de formes pourtant riches.

Ici, tout nécessite de se tordre au monde, de s’y corrompre à son profit au milieu d’absurdités portant des noms illégitimes ; pourtant plaisantes.
Clément Bascou



"... ces fines gouttes de pluie qui nous gelaient les cils donnaient de la beauté à nos esquisses"
Maubuisson, le grand frisson, Charleyne Stern 



"respirer la fraîcheur et la redessiner"
Ô Maubuisson, Pauline Dumont



"Je continue ma visite dans le parc démesuré. Je nage dans un océan verdoyant, les oiseaux faisant office de poissons. Je cours sur les sentiers. Je saute sur les collines. Je vole sur l’herbe menue. Je m’enfuie du monde qui ne rêve plus. Je frôle cette fraiche nature ; et d’’un pas fluide et frileux, je fend les prairies jusqu’au lac de Narcisse, le miroir d’eau. Mais seuls les arbres s’y reflètent, l’Homme n’y a pas sa place. Je décide donc de laisser respirer cette nature et je m’en vais à l’exposition."
Le Mau(buisson) fané, Céleste Fritz
 
 


"On y rentre comme dans un terrier de lapin. J'ai suivi le lapin de Lewis Carroll"
Perdu dans une buisson, Camille Druais Métivier

 
 
 
 
 
 
Il y a cette entrée qui ne te laisse pas entrevoir ce que tu découvriras quelques minutes après avoir longé la grange. La grange a l’air paisible, comme si elle se reposait elle-même et indiquait la route. Bien envie de parcourir ce site, car ces endroits se ressemblent tous mais gardent toujours quelque chose d’unique, comme un esprit, une âme. Il te suffit de tourner à droite en passant sur un petit pont coupant un des canaux du site, et là, tu te retrouves face à un vaste parc dont tu ne vois pas clairement les limites. Pas de limite, c’est sûrement ça qui apaise. Toutes les limites sont frustrantes, et le frustrant c’est crispant. Mais là non, tu vois le calme en plus de le sentir. Beaucoup de personnes passent, ce n’est pas ce à quoi on s’attend. Des enfants, des coureurs, des travailleurs, des promeneurs. Tout ça sans perturber ce calme. Maubuisson est alors aussi un lieu de passage. Ces passants apparaissent par des escaliers puis disparaissent dans un virage habillé par une multitude d’arbres, ou inversement. Et oui, tout ça sans perturber le calme. Arbres flottants, espaces découverts et bien verts, petit ponts boisés, rondins de bois attrayants, miroirs d’eau éblouissants, escaliers dirigeants, bancs rouges, terrain d’un sport particulier. Le doux soleil vient redonner cette touche de paix. En allant par la droite, tu te retrouves vite longeant l’abbaye. Il faudra monter un escalier passant au dessus d’un canal pour se trouver face à l’entrée de celle-ci, oh et un drapeau blanc flotte, oui il indique un lieu d’art contemporain. Chance de tomber sur cette exposition décalée. Dès l’entrée de longues planches en bois mises de toutes les manières sauf droit pour tenir la structure de la cabane nous toise.  Tu t’imagines de grandes jambes se baladant. Et puis, vite, rentré à l’intérieur, cette cabane semble être une plante rampante au plafond qui se propage dans tout ce qu’il reste de l’abbaye en passant d’une pièce à l’autre, on s’imagine même la voir apparaitre alors qu’en réalité tout est déjà là. Les voûtes semblent être des arbres enlaçant cette immense cabane aux allures chaotiques et fragiles. La pierre et le bois se quittent pour mieux se retrouver. Envie d’y monter. Mais si l’entrée ne t’est pas indiquée alors sache qu’elle ne sera pas facile à trouver. Une fois dedans, angles, étroitesse, difficulté, chaleur et surtout émerveillement. Enfant, enfin.
Maubuisson mix, Mélanie Loren de Moura

 

 

 

 
 
"Prendre conscience de son corps de manière brutale"
L'expérience Maubuisson, Enora Gourlaouen
 
 
 
 
 
Nous venons de pénétrer dans l’enceinte de l’Abbaye, où se trouve le fameux « Buisson Maudit » des frères Chapuisat. D’emblée, le long corps en bois nous frappe. Nous peinons à suivre du regard la structure en serpent tellement celle-ci se mêle et s’entremêle entre les colonnes de l’Abbaye cistercienne, créant  un contraste entre la pierre lisse et froide et le corps rugueux et chaud de la bête.
En cherchant plus minutieusement, nous décelons une entrée entre les planches et décidons de nous aventurer à l’intérieur. Malgré son aspect étroit et sombre, nous ne rebroussons pas chemin, nous doutant que l’entrée se veut volontairement rebutante.
Les premiers mètres sont ardus. Nous avançons lentement, faute de lumière. De plus, l’espace est trop exigu pour déployer nos membres comme bon nous semble. Bien que la zone manque de luminosité, nous comprenons que nous nous éloignons du sol de l’Abbaye au fil de notre avancée.
Après plusieurs minutes de montée, nous apercevons un large rayon de lumière provenant du plafond. En levant la tête, nous remarquons une ouverture triangulaire, pas plus large qu’un homme adulte. 
Une fois l’ouverture passée, nous n’en croyons pas nos yeux. La lumière provenait d’une véritable pièce à vivre. De forme conique, elle n’est accessible  que par un puits en bois situé en son centre. En parcourant les murs, nous trouvons un second passage qui replonge dans l’ombre.
La reprise de la marche dans l’obscurité est difficile. Le sol est irrégulier, le plafond de plus en plus bas. Nous nous retrouvons parfois face à des voies sans issues, multipliant les contorsions pour faire demi-tour.
Surnommé par l’artiste lui-même « la Piste Noire », le passage du Hall est sans aucun doute le plus laborieux. A peine à l’intérieur du boyau, une chaleur étouffante nous enveloppe. Le plafond est trop bas pour s’accroupir et les parois sont trop proches pour rester allongé. Rampant sur le côté, nos chevilles et nos poignets sont les seuls à permettre notre avancée.
Le Hall passé, le boyau s’élargit soudain, tandis que le sol devient pentu.  Tête en avant, je dérape, glisse, me heurte à plusieurs reprises,  m’accroche parfois à quelques prises qui passent mais les lâche après seulement quelques secondes en  poursuivant ma chute. Soudain celle-ci se stoppe nette. Parcourue par un frisson, je me redresse et remarque que j’étais sur le carrelage de l’Abbaye.
J’étais sortie.
Maubuisson - buisson maudit, Alexia Limoges

 
"La chaleur et l'odeur boisée de notre parenthèse hors du temps"
A la découverte de Maubuisson, Camille Vermeulin
 
 
 
Tout est calme, rien ne bouge. Et pourtant au loin résonne le souffle rauque de la nuit. Tout n’est qu’ombres et ténèbres. Tout est calme, rien ne bouge.
Il est là. Immobile. La nuit l’enveloppe de son manteau majestueux. Il hésite, se questionne, s’interroge, tente de repousser l’échéance, mais il sait qu’il n’a pas le choix. La nuit est là qui lui ouvre ses bras, il n’a qu’un pas à faire, le reste suivra. Mais ce pas est si  difficile. Il ne faut pas réfléchir, et avancer. Mais rien à faire, il reste figé. La nuit semble retenir son souffle. Derrière lui  se dresse l’abbaye, telle une ombre qui pose  son regard sur le monde. Son imposante silhouette semble se découper dans le ciel. Elle veille sur lui. Mais lui ne la voit pas. Il fixe la masse d’eau sous ses pieds, obscure  et menaçante. Seuls les reflets de la lune permettent d’en  discerner les contours. Les secondes s’écoulent lentement… Les bruissements des feuilles, les battements d’ailes, les hurlements  désespérés du vent… Maubuisson sommeille. Il reste là, immobile. Les heures passent. Une goutte… Puis deux… Et finalement c’est l’averse. La pluie s’acharne contre lui mais il reste impassible. Il sait qu’il doit le faire. Il ne saurait expliquer pourquoi mais il le sait, c’est tout. Quelque chose en lui, le pousse vers le précipice. Il regarde en bas. La peur le prend au ventre, et le torture. Il sait que cette souffrance ne prendra fin qu’une fois avoir avancé dans le vide. Il attend. La peur s’est désormais emparée de tout son corps. Il tremble. La pluie c’est arrêtée sans qu’il s’en rende compte. Il sent que le moment approche… Plus rien ne peut désormais l’arrêter. Sa décision est prise. Il prend une grande respiration et avance droit devant lui. Son corps tombe dans le vide…
Mais aucun bruit de chute. Au contraire, ses petites  ailes déployées  battent à tout rompre. Il s’envole au loin, quittant le nid pour la première fois.
Maubuisson dans le pénombre, Gaëlle Blanchard
 

"Who is it that can tell me who I am?"
King lear, Shakespeare, Act IV, Scene 1